Les races de chiens et leurs comportements

Trois chiens de race différentes : terrier, border collie et labrador.

Saviez-vous que l’homme a créé plus de 400 races de chiens en moins de 300 ans ?

Le chien est l’espèce domestiquée la plus ancienne et celle chez laquelle on observe le plus grand polymorphisme comportemental et physique. On dénombre plusieurs centaines de races de chiens, dont les origines sont aussi variées que les couleurs et la longueur de poil qu’elles présentent. S’il est bien établi que le processus de raciation a permis de faire émerger et de sélectionner des groupes d’individus en fonction de leurs aptitudes pour différents types de travaux et de compagnonnage, il est également évident que la sélection artificielle des chiens a fixé des comportements spécifiques au quotidien.

Domestication du chien : du loup aux races modernes

Les premiers chiens domestiqués devaient beaucoup ressembler au loup, leur ancêtre commun. Aujourd’hui, le dingo sauvage d’Australie nous donne un aperçu du physique des premiers chiens.

Au fil des millénaires, en croisant différentes variétés, l’humain a engendré une explosion de morphologies et d’expressions comportementales variées.

On distingue historiquement quatre grands types de chiens :

  • lupoïdes,
  • molossoïdes,
  • braccoïdes,
  • graoïdes.

Morphologie canine et évolution comportementale : une histoire parallèle

Les caractéristiques physiques, combinées à une évolution comportementale canine spécifique, ont permis d’utiliser les chiens dans des tâches ciblées. Ainsi sont nés les groupes de races modernes réunissant les types de chiens d’aptitudes communes :

  • chiens de bergers,
  • bouviers,
  • chiens courants,
  • chiens d’arrêt,
  • rapporteurs de gibier d’eau, etc.

À partir de l’origine unique du loup gris, l’ensemble des variétés canines pourrait aussi s’expliquer par des retrempes avec d’autres canidés sauvages (coyotes, chacals).
En l’absence de sélection scientifique explicite, on parle plutôt de pression sélective en fonction des besoins d’utilisation, qui ont évolué au fil des siècles. La morphologie et le comportement des chiens sont donc étroitement liés.

Fonctions utilitaires et évolution des comportements canins

Les fonctions utilitaires du chien se sont multipliées et diversifiées avec les évolutions techniques et culturelles humaines.

La première fonction du chien fut sans doute sanitaire. Ce rôle d’éboueur et de nettoyeurs de campements, favorisant parfois la coprophagie, serait apparu avec la sédentarisation de l’homme. Puis le chien est devenu un compagnon de chasse, partageant avec l’homme « l’excitation de la traque » (Digard).

À ce stade, il accompagne plus qu’il n’aide. Rapidement, le chien devient également un protecteur de l’homme. Il reconnaît ses membres, marque et défend le territoire de vie. La protection des biens et des personnes fait émerger, plus tard, un rôle d’alerte (les premiers chiens domestiques n’aboyaient pas).

La garde des troupeaux représente une autre étape majeure dans l’histoire des races de chiens. Elle permet de préserver les ressources, facilitant la sédentarisation et les déplacements en tribus.

Image illustrant un chien cours dans l'eau

Le travail du chien au service de l’homme

Dès le XVIᵉ siècle, des traités classent les chiens selon leurs tâches. On distingue les chiens affectés à la chasse, les chiens affectés au service en cuisine, les chiens dénicheurs de proies dans les terriers, les chiens de garde, les chiens de combat.

À partir du XVIIᵉ siècle, les voyages transatlantiques des navigateurs et colons introduisent de nouvelles variétés canines, accélérant l’hybridation.

Le XIXᵉ siècle, avec la Révolution industrielle, voit apparaître une « classe ouvrière » canine. Ils tirent des chariots très lourds, ils tournent inlassablement des roues, actionnent des broches ou des pompes à eau. Progressivement, le chien de travail intègre le foyer et cette proximité entre l’homme et le chien inclut une composante affective évidente.

Cependant, la fonction de chiens de compagnie et de jeux n’est pas nouvelle : dès l’Antiquité, les chiots ou louveteaux ayant des dispositions anthropophiles étaient maternés par les femmes, servant de « chauffage sur patte » ou de « couverture ambulante » (Gautier, 1990).

Chez les Indiens d’Amazonie, le chien chasse avec les hommes mais mange et dort avec les femmes (Descola, 1986). Le chien est un véritable catalyseur de relations sociales.

La cynologie : étude et amélioration des races de chiens

L’étude scientifique des chiens et de leurs comportements est appelée cynologie. Elle regroupe les approches, méthodes et outils liés à l’éducation canine et à la compréhension des comportements canins. Lorsque la cynologie se concentre sur l’application pratique (dressage, sélection, éducation), on parle alors de cynotechnie.

Ces disciplines regroupent de nombreuses approches, méthodes et outils visant à mieux comprendre, éduquer, accompagner et sélectionner le chien, que ce soit dans ses fonctions de travail ou de compagnie.

Les premières organisations cynologiques

En 1882, naît la Société Centrale Canine en France, peu après la création du Kennel Club en Angleterre. Son objectif est l’amélioration des races. En 1884, est créé le Livre des Origines Françaises (LOF), recensant les chiens de race et leurs généalogies.

Aujourd’hui, l’élevage poursuit ce travail de sélection des chiens, en cherchant à conjuguer deux objectifs : travail et beauté. Même les chiens uniquement destinés à la compagnie conservent souvent des traits comportementaux propres à leur race d’origine.

Image illustrant un chien cours dans l'eau

La race : un facteur clé dans le comportement du chien

Les races de chiens ont été créées et ont évolué par manipulation génétique et sélection de caractères existants.

Les travaux de chercheurs comme Scott et Fuller ont démontré que ces fonctions comportementales particulières sont issues d’une accentuation ou d’une suppression de traits innés et non de la création de comportements totalement nouveaux.

La race explique environ 25 % de la variance comportementale observée chez les chiens. Contrairement à une idée reçue, la sélection a d’abord porté sur les aptitudes comportementales et non uniquement sur la morphologie. Ainsi les croisements opérés pour fixer une race ont permis d’ancrer tel ou tel type de réactivité, telle ou telle propension à apprendre et à produire une réponse.

Exemples de comportements typiques de races de chiens

Prenons le cas des chiens de chasse : les chiens courants, comme le Beagle, sont réputés pour leur instinct de poursuite en meute. Ce comportement les rend parfois difficiles à garder à proximité, car ils ont tendance à s’éloigner spontanément, contrairement aux chiens de protection qui restent naturellement proches de leur groupe humain et en font le tour.

Les chiens d’arrêt, tels que le Braque, se distinguent par leur capacité à marquer l’arrêt devant le gibier sans forcément engager la poursuite.

Les chiens de berger, comme le Border Collie, possèdent un comportement spécifique : ils rassemblent le troupeau en comblant les vides, courant de long en large derrière les moutons.

Quant aux molosses, ils affichent une personnalité affirmée et volontaire, qualités indispensables pour des fonctions de protection ou de combat.

Certaines races primitives, à l’image de l’Akita Inu, originaire du Japon, ont été sélectionnées pour leur courage et leur indépendance. Utilisé initialement pour la chasse à l’ours, l’Akita a aussi été employé comme chien de combat.

On retrouve souvent les chiens primitifs aux côtés de certaines races émergeant comme chiens de famille, sans qu’il y ait eu une contre-sélection encadrée. Sans connaissance préalable des caractéristiques comportementales de la race choisie, certains propriétaires se retrouvent confrontés à des problèmes comportementaux inattendus.

Race canine : un choix raisonné pour une adoption réussie

Avant toute décision, il est essentiel de s’informer sur l’histoire de la race de son futur compagnon à quatre pattes et son évolution comportementale. Choisir un chien uniquement sur des critères esthétiques expose à des incompatibilités, voire à des frustrations pour l’animal et pour son propriétaire.

Le choix de la race doit être fait en fonction :

  • du mode de vie du foyer : un chien énergique, comme un Border Collie, n’est pas adapté à un mode de vie sédentaire, tandis qu’un chien plus calme, comme un Bulldog, sera plus adapté à des espaces réduits.
  • des besoins physiques et mentaux du chien : certaines races ont des besoins d’exercice importants et des défis intellectuels à relever. Il est essentiel de pouvoir répondre à ces besoins pour éviter des comportements indésirables.
  • des attentes en termes d’interactions : certains chiens aiment être au contact constant avec leur maître, tandis que d’autres, plus indépendants, préfèrent leurs moments de solitude.

Bon nombre de troubles comportementaux chez le chien
découlent d’une méconnaissance de ses caractéristiques raciales
et d’un choix motivé uniquement par des critères esthétiques.

Il est essentiel de s’informer sur l’histoire de la race,
sur son évolution comportementale et de réfléchir à la compatibilité
entre les besoins du chien et le mode de vie de la famille.

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