Vendredi 29 janvier 2021, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de la loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Si cette proposition consacre de solides avancées, elle esquive un certain nombre de sujets importants, comme le constate le Dr Isabelle Vieira, très investie en ce qui concerne la protection des chiens.
Interview par Céline Nebout, pour le magazine “Comportement Animal” n°50.
Comportement Animal : Vous avez pu constater que les propositions du député Loïc Dombreval au sujet de la loi sur les chiens dangereux n’ont pas été retenues ?
Isabelle Vieira : En effet, la révision de la loi sur les chiens dangereux, proposée par Loïc Dombreval, n’a pas été retenue, c’était pourtant un sujet qui nous tenait particulièrement à cceur à la Seevad. Le texte proposait le remplacement des catégories sur des bases morphologiques par des catégories sur des bases comportementales. En supprimant les catégories, on supprimait le permis de détention qui stigmatisait sans raison deux races. Mais nous n’avons pas dit notre dernier mot !
La fin de la vente de chiens et chats dans les animaleries, auxquelles on reproche de vendre des animaux sevrés trop tôt et mal socialisés, est un autre volet important ?
Tout à fait, les animaleries ne font pas de bénéfices sur la vente de chiots ou de chatons, c’est surtout une vitrine qui augmente le passage et la vente d’autres produits.
Même si les conditions de vie des animaux sont loin d’être optimales dans les animaleries, ils ne restent en général pas longtemps et de nombreux contrôles sont effectués. En revanche, les animaleries s’alimentent dans des fermes-usines à chiots en France, où les chiens vivent dans des conditions épouvantables, sur lesquelles il n’y a par contre aucun contrôle. L’interdiction de la vente en animalerie devrait fin à ces usines à chiots, ce qui est non négligeable. La vente de chiots et de chatons risque toutefois continuer sur les foires, salons, etc.
Le renforcement des moyens de contrôle de l’identification pourrait-il limiter les abandons ?
Il faut savoir que 80 % des chiens trouvés sur la voie publique qui arrivent dans les fourrières ne sont pas identifiés. Les propriétaires les abandonnent avant de les avoir fait identifier. De plus, la plupart du temps, ces chiens sont passés de famille en famille avant de se retrouver en refuge. Le renforcement des moyens de contrôle, s’il est bien conduit, devrait permettre de limiter cela, les policiers municipaux pourront alors contrôler tout propriétaire de chien, catégorisé ou non.
Enfin, l’obligation d’obtention d’un certificat de connaissance pour acquérir un animal de compagnie vous paraît-elle fiable ?
C’est une bonne chose en ce qu’elle vise à réduire les achats coup de coeur, à condition que le contenu réponde à l’objectif. S’il s’agit d’une simple feuille à signer, cela n’a aucune valeur. L’idée d’une formation en ligne suivie d’un quizz, proposée par Loïc Dombreval, est pertinente, mais pour l’instant nous ne savons pas la forme que cela prendra, nous attendons les décrets d’application. Avec la Seevad, nous allons travailler à l’élaboration d’un produit contenant les messages essentiels à faire passer à tout futur acquéreur de chien.
Découvrez l’intégralité de l’article paru dans la revue « Comportement Animal » N° 50.