L’obéissance chez le chien passe par des apprentissages réalisés et mis en oeuvre par le maître. Si celui-ci se montre un bon guide et un bon pédagogue, le chien apprend de nombreux comportements. Est-ce pour autant la seule manière de créer un lien et une relation qui place le maître en situation de leadership vis à vis du chien ?
Education positive et apprentissage d’une relation amicale
L’éducation positive se définit comme une méthode éthique et respectueuse du chien, de ses émotions, et de ses besoins et motivations, pour lui apprendre les contingences de la vie humaine sans douleur ni stress. Elle exclut, de fait, toute forme de subordination, de rapport de force et de domination. L’humain se montre un conducteur et un pédagogue pour enseigner les bonnes manières au chien en le faisant participer et en lui donnant envie de bien faire. Le chien est systématiquement récompensé des bonnes actions. Les mauvais comportements sont ignorés chaque fois que c’est possible. Et le maître doit tout faire pour guider le chien vers les bonnes actions et rendre les mauvaises matériellement impossibles de façon à éviter d’avoir à sanctionner.
Préalablement à ces séances d’enseignement, il est indispensable de mettre le jeune chien en situation de satisfaction des besoins éthologiques. Ces besoins sont d’ordre physique, mental relationnel, et social. On ne peut exiger des résultats dans tout apprentissage que si l’animal est en bonne condition émotionnelle, sans frustration, peur ou colère excessive qui serait provoquée par des conditions de détention non conformes aux besoins éthologiques. Le chien doit, en particulier, avoir quotidiennement des occasions de courir, se détendre, explorer, flairer, creuser, jouer, rencontrer librement des congénères et interagir amicalement avec des humains. L’abondance des expériences exploratoires et relationnelles permettront un bon équilibre émotionnel et un épanouissement optimal de sa personnalité. Car lorsqu’un chien est en bonne disposition émotionnelle, c’est la réflexion et l’analyse des situations qui guide ses comportements, alors que si le chien est en état de tension émotionnelle, c’est l’émotion qui envahit son esprit et détermine ses comportements. Il est donc essentiel d’exclure toute peur ou frustration excessive pour démarrer des apprentissages.
Dans ce type d’accompagnement positif, le maître est plutôt le « distributeur de bons points » que le « père-fouettard ». Il apparaît au chien comme un bienfaiteur, comme celui qui encourage et motive, comme celui que l’on a envie de suivre, comme un référent positif. C’est en cela que la méthode positive, encore appelée méthode amicale ou coopérative, permet de construire une relation pacifique et agréable tant pour le chien que pour le maître.
A l’inverse, trop de punitions, de bridages, empêchements, frustrations et coercition génèrent une mauvaise ambiance et une pression négative sur le chien qui perçoit l’humain comme une menace permanente. Si le chien apprend dans la peur de la sanction, sa qualité de vie et sa qualité relationnelle au maître sont entachées d’émotions négatives. Il existe donc un lien entre les émotions et les apprentissages. Si le plaisir est présent, les apprentissages n’en sont que plus performants.
Le leadership et la notion d’affiliation
Celui que l’on a envie de suivre, celui qui donne du plaisir et des récompenses est souvent appelé le leader. Il n’impose pas mais propose et enseigne. Il ne domine pas mais influence les décisions des autres individus. Qu’en est-il du lien affectif entre le leader humain et le chien, et quelle est sa relation avec le niveau d’influence sur les comportements du chien ?
Il est montré actuellement que l’abondance des apprentissages même en méthode positive, est nécessaire mais pas suffisante pour réduire les problèmes d’agressivité dans une famille incluant humains et chiens. Le chien est un individu autonome, créatif, qui réfléchit et prend des décisions. Or ces décisions ne sont pas seulement influencées par des renforcements et ne font pas appel exclusivement aux mécanismes cognitifs. Certes une interaction est influencée par la nature du résultat de la précédente, mais le chien n’est pas toujours calculateur et ses actions sont aussi basées sur des motivations instinctives et sur une relation affine.
L’affinité entre deux individus (ici un humain et un chien) ne peut se définir uniquement par une balance des interactions positives et négatives avec un calcul d’une moyenne. Le leader est d’abord celui qui amène l’autre à le suivre, et qui arrive à le convaincre de faire un comportement. Son niveau d’influence définit sa valeur de leadership. Influencer l’autre relève d’une modification des perceptions et des motivations de l’autre au point de lui faire accomplir ce que l’on souhaite. Cette théorie du meneur-suiveur commence à se développer depuis les recherches sur la synchronisation des chiens sur les humains. Nos déplacements ont une influence sur les comportements de notre chien. Se synchroniser c’est faire la même chose, au même moment, et au même endroit. Or plus l’humain et le chien sont liés et attachés l’un à l’autre, plus le chien se synchronise sur l’humain. L’humain devient un objet de référencement social et le lien est alors de l’ordre de l’émotionnel et n’est pas le fruit de mécanismes cognitifs d’apprentissage. Quand le chien décide de s’engager dans le même chemin que son humain, c’est moins parce qu’il l’a appris par des récompenses, que par le fait qu’il est attaché à cet humain.
La relation maitre-chien est un pilier de la réussite
La qualité de la relation est donc primordiale pour guider les décisions d’actions du chien. Se rapprocher du maître, s’en éloigner, revenir ou non, rester à distance ou à proximité et surtout se préoccuper de ce qu’il fait pour se calquer sur ses attitudes est directement en lien avec l’intensité du partage des émotions entre le maître et le chien. Si un chien n’est pas très enclin à obéir, est peu attentif aux ordres, ne se montre pas gourmand ni attiré par les friandises ou autres récompenses, travailler avec la relation et l’émotionnel s’avère très efficace pour favoriser le rappel et créer un échange efficace. Pour construire cet attachement, il est nécessaire que le maître se rende très agréable pour le chien, pratique des activités communes qui donnent du plaisir au chien, ne cherche pas toujours à le faire obéir mais s’adonne à une relation complice et affectueuse.
Des études récentes ont montré qu’à renforcement équivalent, les chiens choisissent plus d’effectuer une tâche qui plaît en plus au maître. Ils sont donc aussi sensibles à nous faire plaisir qu’à rechercher leur propre bénéfice. Pour cela, le maître doit être lui-même très attaché à son chien, car le chien le ressent et s’en sert pour construire son propre attachement à son humain.
A retenir :
Le leadership est un concept moderne de relation homme-chien qui exclut toute subordination
La relation amicale, consensuelle, de confiance et fortement imprégnée de recherche de proximité correspond au lien qui définit le leadership. Il n’est nullement question de subordination et de dominance mais au contraire de connivence et de complicité. Il s’agit de placer la relation sur le plan de l’affect et du partage d’émotions et non sur le plan strictement cognitif.
Idée reçue :
Le leadership est synonyme de dominant
Faux : il est fréquent de lire que le leader est celui qui décide et qui est le chef, alors que précisément, la dominance se définit comme le fait de gagner dans un conflit. Le maître ne peut être un leader que dans un contexte amical sans conflit en formant une équipe soudée avec son chien.