Chien hyperactif : analyser et apaiser son comportement

Votre chien est sans cesse en mouvement, saute sur tout le monde, détruit ses jouets et semble incapable de se calmer ? Avant de conclure qu’il s’agit d’un chien hyperactif, il est essentiel de bien comprendre ce comportement. L’hyperactivité canine est souvent confondue avec une simple vivacité ou un manque de dépense physique. Un chien très joyeux, remuant, énergique et affectueux peut manifester un tempérament naturellement actif sans pour autant souffrir d’un trouble du comportement.
Votre chien est hyperactif ? Apprenez à le comprendre
Ces attitudes, qu’il faut canaliser, sont parfois perçues comme excessives :
- courir,
- sauter,
- foncer vers les autres chiens,
- poursuivre les chats…
Cependant, elles traduisent souvent un besoin de mouvement, d’interaction et de stimulation mentale non comblé.
Avant d’envisager un problème d’hyperactivité, il convient donc d’analyser les besoins réels de dépense physique et cognitive de votre compagnon à quatre pattes. Le Chien Mon Ami vous aide à faire la différence entre un chien véritablement hyperactif et un chien simplement joyeux et plein de vie, pour adopter une approche individualisée, adaptée et bienveillante.
Hyperactivité chez le chiot : une structure comportementale naturelle
Chez le chiot, quel que soit l’environnement dans lequel il se développe, quelle que soit la taille de la fratrie et le type d’élevage, on constate que certains individus sont plus actifs que d’autres. Certains chiots très dynamiques tentent des mouvements et gestuelles plus risqués que d’autres dans un but d’exploration du milieu. Dès l’âge d’un mois, un bon éleveur distingue facilement les jeunes intrépides des plus timides, point essentiel pour identifier un chiot potentiellement hyperactif et adapter son éducation.
Certains chiots vocalisent davantage que d’autres et supportent plus ou moins le confinement ou la restriction spatiale. A l’instar des enfants d’une même famille, certains jeunes chiens se montrent calmes, timides et réservés, alors que d’autres se montrent plus hardis, confiants et explorateurs. Ces différences individuelles témoignent d’un tempérament naturellement plus actif qui fait partie de la diversité comportementale normale du chiot et ne relève pas nécessairement d’un trouble du comportement canin.

La mère du chiot n’est pas responsable de l’hyperactivité
Contrairement à ce que l’on peut lire parfois, il n’a jamais été démontré la moindre responsabilité de la chienne dans ces observations d’hyperactivité chez le chiot. La mère des chiots est parfois qualifiée d’indolente, d’incompétente pour les élever, soit parce qu’elle est trop jeune, trop vieille, trop laxiste, ou que la portée est trop nombreuse. Ces affirmations, souvent relayées dans le cadre d’un diagnostic d’hyperactivité canine, ne sont étayées par aucune étude scientifique sérieuse. Il ne s’agit aucunement d’un trouble du développement comportemental lié à la mère mais bien d’une variabilité individuelle normale observée chez les jeunes chiens.
Les différences raciales et tempéramentales chez le chiot
En revanche, Scott et Fuller avaient déjà montré qu’il existe un caractère racial à certains des comportements des chiots. On entend souvent dire par exemple que les Jack Russell sont hyperactifs, que les Bergers Australiens sont aboyeurs et nerveux, etc. Les études démontrent que les tests de tempérament canins s’avèrent utiles pour évaluer la capacité d’un chiot à effectuer une tâche précise dans le futur. En revanche, ces tests se montrent peu précis pour déterminer la valeur prédictive de comportements émotionnels et moteurs chez le chiot et ne permettent donc pas d’anticiper une éventuelle hyperactivité chez le chien adulte.
Tempérament hypermoteur, anxieux ou hyperactif ?
Pourtant une recherche canadienne (Godbout 2011) a montré que 10% des chiots testés en clinique vétérinaire entre 8 et 16 semaines se montrent plus anxieux et agités que la moyenne. Une étude prospective a également révélé que le niveau d’anxiété de ces chiots « extrêmes » persistait à l’âge adulte. Il s’agit d’un tempérament « hypermoteur » ou « anxieux », parfois confondu avec une hyperactivité canine dont l’héritabilité n’est pas déterminée.
Une autre étude du même auteur (Godbout 2010) a montré que les chiots présentant des comportements de mordillements excessifs ne présentent pas de risque accru de présenter une agressivité importante à l’âge adulte.
L’hyperactivité : souvent génétique et faiblement modifiable
L’hyperactivité motrice des chiots ne serait donc pas due à un problème lié aux conditions de développement incriminant les capacités de la chienne ou son isolement des chiots par l’éleveur, mais plus probablement due à un trait génétique, donc structurel. Un type de tempérament hyperactif résulte souvent d’une prédisposition héréditaire et non d’un défaut d’éducation ou de socialisation. Un tel profil est faiblement modifiable. Il est essentiel de le repérer le plus précocement possible afin d’adapter votre mode de vie aux besoins particuliers du chien.

Hyperactivité du chien ou environnement inadapté ?
Si 10% des chiots se montrent « excessifs », un pourcentage plus important fait l’objet d’un diagnostic d’hyperactivité canine. Vous êtes nombreux à penser que votre chien est hyperactif alors qu’il manifeste simplement un comportement canin agité lié à un environnement trop restreint ou à un manque de stimulation. Les chiens sont souvent taxés d’être nerveux, destructeurs, désobéissants, têtus, etc. Ces étiquettes sont toujours le fruit d’un jugement humain qui ne prend que rarement en considération le point de vue comportemental du chien.
La comparaison avec un chien précédent : une erreur fréquente
Vous êtes tentés bien souvent de comparer le chien actuel qualifié d’hyperactif au chien précédent, plus facile à manager. Or tous les chiens n’ont pas les mêmes besoins, ni le même niveau d’énergie. Cette comparaison est souvent biaisée, car elle oppose un jeune chien plein de vitalité à un chien plus âgé dont les souvenirs restent marqués par les dernières années de calme. Votre mode de vie et votre disponibilité ont également évolué avec le temps. Pour évaluer correctement un chien perçu comme hyperactif, il faut donc tenir compte du contexte global et de la relation actuelle entre le chien et sa famille.
Un manque de dépenses physiques et mentales
Un bilan du budget-temps dédié au chien hyperactif en apparence révèle fréquemment un certain déficit de dépenses physique et cérébrale du chien. Dans bon nombre de cas, il est maintenant bien établi que les sorties sont souvent insuffisantes ou trop pauvres, parfois uniquement en laisse. De plus, peu de stimulations sensorielles ou cognitives sont offertes à votre chien. Vous avez tendance à le retenir dès qu’il flaire une déjection sur le trottoir ou dès qu’il tire, attiré par une odeur. L’absence d’exercice quotidien, de jeux d’occupation ou de promenades variées peut entraîner une accumulation d’énergie et favoriser des comportements destructeurs ou nerveux interprétés à tort comme de l’hyperactivité.
Conséquences d’un mode de vie restrictif
Si :
- le chien est laissé seul de longues heures,
- les rencontres libres avec des congénères sont rares,
- les promenades se limitent toujours au même quartier,
alors les frustrations s’accumulent, entraînant désocialisation et tension émotionnelle.
Le chiot devient progressivement un jeune chien adolescent dont la puissance physique vous fait peur car il pourrait vous entraîner, vous faire tomber, ou aller se bagarrer avec un autre chien. Il devient rapidement trop brutal et potentiellement agressif avec ses congénères. Il est bridé et empêché en situation de rencontre avec les humains (vous l’enfermez en présence d’invités) car il saute et fait mal.

Des comportements aggravés par l’isolement
En grandissant, il devient ingérable et vous prenez des mesures matérielles pour éviter des accidents :
- le chien est de moins en moins promené,
- de plus en plus isolé,
- soumis à des contraintes punitives ou restrictives.
Ce qui ne fait qu’aggraver le problème de fond. Au final, l’ensemble des comportements indésirables ne sont pas imputables au seul tempérament actif, mais aussi à toutes les manœuvres éducatives restrictives et punitives qui génèrent du stress, de la peur, de la crispation, et du ressentiment. Le chien apprend à se rebeller au milieu de toutes les contraintes qui lui laissent peu de marge de manœuvre.
Les situations restrictives ou les mesures de sécurité renforcent le problème en augmentant stress, peur et nervosité du chien. Il devient alors essentiel de distinguer l’hyperactivité réelle du simple stress comportemental lié à l’environnement afin de mettre en place des solutions adaptées et bienveillantes.
Chien hyperactif : un environnement adapté pour un équilibre retrouvé
On constate des chiens perçus comme hyperactifs, placés dans un autre environnement, plus libre, plus stimulant, où leur mental peut s’exprimer par des explorations variées, où leurs capacités cognitives sont valorisées par des tâches intelligentes, où leur bien-être est assuré par des interactions sociales variées et agréables, ne présentent plus aucun comportement gênant. Ces observations sont étayées par des récits de vacances où le chien court toute la journée dans un espace large au milieu d’une famille plus nombreuse, plus stimulante et plus disponible.
Les diagnostics d’hyperactivité peuvent donc s’avérer abusifs et préjudiciables à une prise en charge efficace. Il est nécessaire de bien caractériser les véritables besoins de votre chien, tant physiques que mentaux, de façon à éviter des étiquettes de maladies comportementales inexistantes qui empêchent une prise en charge efficace et agréable pour le chien.
Hypermotricité réelle chez le chien : que faire ?
Au cours des décennies passées, certaines techniques éducatives étaient surtout coercitives et basées sur le concept de hiérarchie. Il s’agissait, devant un chiot difficile, de mettre en place une insertion hiérarchique précoce afin d’éviter toute dérive agressive à la puberté. Les derniers travaux scientifiques en éthologie dénoncent ces méthodes et démontrent qu’elles sont non seulement inefficaces, mais surtout dangereuses.
Observer le chiot et adapter les activités à son tempérament
Le chiot doit être observé attentivement, tant dans ses comportements que dans ses émotions et ses motivations. Un temps dédié à une importante activité physique et mentale doit lui être proposé, loin de toute brimade et en adéquation avec sa race, ses origines et son profil intrinsèque. La fréquentation d’écoles de chiots est indispensable à condition qu’il n’y soit pas enseigné d’obéissance, mais qu’il s’agisse exclusivement d’exploration et d’épanouissement, de rencontres sociales libres avec toutes les races et d’âges différents, y incluant des adultes bien choisis.

Chien très actif : combien de temps d’activité ?
Un chien très actif doit pouvoir bénéficier :
- de 3 à 4 heures par jour d’activités physiques intensives,
- d’1 heure d’exercices visant à concentrer son esprit sur un travail valorisant,
- d’1 heure de bain social libre.
L’éducation amicale est obligatoire pour lui permettre de progresser. Des conditionnements au clicker sont très intéressants pour capter l’attention du chiot et lui apprendre à se concentrer sur une tâche. Il est essentiel aussi de prévoir des exercices de retour au calme et d’immobilité, tous deux récompensés. Enfin, toute punition physique ou verbale est bannie, mais il faut tout de suite mettre en place des situations de contrariété.
Exemple concret d’apprentissage du calme
- Au retour de la promenade, placez le chiot/chien dans un espace clos.
- Ne répondez pas à ces demandes d’attention.
- Ignorez ses couinements jusqu’à ce qu’il se calme.
Ces étapes lui apprennent à gérer la frustration, à développer le contrôle de soi et à trouver le calme sans contrainte et sans avoir à crier « non » de plus en plus fort. Cette approche positive favorise une relation harmonieuse entre le maître et son chien.
