Le jeu chez le chien : pilier de son bien-être et de sa relation à l’humain

Chien jouant au frisbee avec un humain dans un parc.

Partager des moments de jeu avec son chien, c’est bien plus qu’un divertissement. C’est construire une relation de confiance, renforcer le lien affectif et poser les bases d’une éducation positive. Le jeu devient alors un véritable langage commun empli de bienveillance.

Qu’est-ce que le jeu chez le chien ?

Le jeu chez le chien est un ensemble de comportements variés, produits ensemble ou successivement lors d’interactions amicales avec un ou plusieurs congénères.

On y retrouve des comportements locomoteurs (course), agressifs (grognements), sexuels (chevauchements) et alimentaires (prises en gueule), mais sans aucune finalité fonctionnelle. Le jeu chez le chien reproduit tous les comportements de la vie réelle mais « pour de faux ».

En éthologie, sa fonction n’est pas clairement définie. Toutefois, les scientifiques s’accordent à dire que le jeu est nécessaire pour l’équilibre émotionnel des individus, en particulier dans les espèces sociales comme le chien.

Le jeu entre chiens obéit à un principe de symétrie : aucun des deux protagonistes n’est soumis à l’autre et chacun y trouve son compte de façon équitable. Apparaissant très tôt dans la vie du chiot, le jeu accompagne le chien tout au long de sa vie. Il apprend également à jouer seul en stimulant un jouet, ce qui lui permet de développer une certaine autonomie.

Chiot jouant auprès d'un chien adulte couché dans l'herbe.

Le rôle du jeu dans la socialisation du chiot

Dans sa fratrie, pendant la période de socialisation, le chiot vit ses premières expériences de jeu. Ces activités ludiques participent à lui enseigner les différents codes sociaux de son espèce. Il apprend également à ajuster ses réactions à celles de ses congénères.

Jusqu’à la puberté, le jeu permet de construire tous les éléments de la socialité du chiot et favorise son épanouissement. Il devient plus tard un rempart contre certaines formes d’agressivité.

Les apprentissages qui se mettent en place au cours des jeux entre chiots perdurent à l’âge adulte si lui permet de communiquer librement et d’avoir accès à des objets ludiques comme des balles, des cordes à tirer, des peluches ou tout autre jouet qu’il le motive. Le chiot doit donc fréquenter les écoles de chiots et jouer plusieurs heures par jour, soit avec des congénères, soit avec ses propriétaires. La confiance envers l’humain se construit par le jeu (rapport d’objets, jeux de poursuite, d’obéissance ludique, d’agility). Les chiens ont été, au fil du temps, sélectionnés pour cette appétence à jouer. Cette qualité a facilité sa domestication.

La néoténie : un trait marqué chez le chien domestique

En effet, le processus de domestication a transformé le chien et a permis de le rendre proche de l’humain, afin de partager sa vie avec lui. Le chien présente une caractéristique comportementale fondamentale : le caractère néoténique. Cela signifie qu’il conserve des comportements juvéniles tout au long de sa vie et qu’il reste motivé par le jeu tant que sa santé lui permet de bouger. 

Ce caractère joueur est le propre d’une espèce domestiquée, à fortiori de compagnie. Historiquement, l’homme a donc sélectionné des individus infantiles, particulièrement attentifs aux signaux de communication humains. Ces chiens sont ainsi devenus fortement dépendants de l’homme. Dans ce contexte, le chien joueur présente un avantage sélectif en nouant un lien privilégié avec son maître.

Un chien tenant une balle dans la gueule jouant avec son humaine dans le salon et entouré de jouets.

Le jeu : moteur d’apprentissage et de motivation

Le chien perçoit rapidement l’humain comme un partenaire de jeu. En rapportant le jouet que l’humain relance, le chien nourrit la dynamique de jeu pour son plus grand plaisir. Les qualités du chien au jeu ont très vite été repérées. L’être humain les a exploité pour développer des aptitudes spécifiques dans des contextes de travail déterminés. Les chiens les plus joueurs retiennent l’attention des sélectionneurs, en particulier pour la recherche de drogue ou la recherche de personnes ensevelies ou disparues, car leur motivation reste intacte pendant l’apprentissage.

Pour eux, le travail est un jeu. C’est parce qu’ils jouent que les chiens de travail ne se découragent pas facilement et qu’ils sont toujours prêts à effectuer les tâches demandées. C’est aussi parce que l’apprentissage du travail se fait par le jeu et repose sur le renforcement positif que le bien-être du chien est maintenu lors de ces activités.

Jouer pour renforcer la relation humain/chien

Il paraît donc évident que le jeu est un outil de première importance dans la vie quotidienne du chien au sein de son foyer. Dès l’instant que le budget-temps consacré au jeu devient conséquent, l’humain avec qui le chien partage ces moments d’émotion agréable devient un référent positif.

Construire la relation au travers du jeu permet de mettre en place une éducation canine positive et de s’affranchir de vieux modèles éducatifs basés sur la hiérarchie, connus pour générer stress et peur.
Le jeu, à l’inverse, offre un formidable champ d’action pour construire ou restaurer une qualité de vie relationnelle entre l’homme et le chien.

Dans le jeu, chaque profil de chien trouve un bénéfice  :

  • Le jeune chien fougueux canalise son énergie.
  • Le chien timide se débride et prend confiance.
  • Le chien fusionnel avec son maître apprend à s’autonomiser.

Le chien est récompensé lorsqu’il reste à distance du maître ou qu’il part chercher une balle. Il apprend aussi à s’en séparer en réalisant des exercices sous les directives d’autres personnes. On peut lui enseigner par le jeu à sauter ou à ne pas sauter, à aboyer ou à se taire, bref à se maîtriser en toute circonstance.

Chien cherchant des friandises cachées dans un jeu d'intelligence.

Le jeu : un outil de stimulation mentale

Le jeu développe les capacités cognitives du chien en l’obligeant à élaborer diverses stratégies : recherche du maître, recherche d’objets ou de nourriture, contournement d’obstacles…

Il favorise :

  • l’attention et l’anticipation,
  • la gestion des émotions et de la frustration,
  • la discrimination d’objets interdits ou autorisés.

Le chien apprend que toute bonne chose se mérite en obtenant une récompense lorsqu’il gagne, car l’éducation par le jeu n’utilise aucune punition.

Le jeu d’enrichissement pour chien, plus qu’un apprentissage : une philosophie de vie

Les anglo-saxons ont développé, depuis une dizaine d’années, de nombreux jeux éducatifs, de jeux d’enrichissement et de jeux d’occupation pour chiens. Leur objectif est de prévenir ou de résoudre certains problèmes comportementaux comme l’ennui, les fugues, les destructions ou encore l’agressivité.

Certains de ces jeux d’intelligence ou de réflexion sont devenus bien plus qu’une méthode d’éducation positive. C’est un véritable savoir-vivre avec son chien, tout un état d’esprit basé sur la complicité et le partage d’activités ludiques. Ces jeux d’enrichissement, très en vogue également au Japon, commencent à voir le jour en France, pour le plus grand plaisir des chiens et de leurs humains.

Le jeu est une ressource précieuse et universelle pour tous les chiens, quels que soient leur âge, leur tempérament ou leur histoire. S’il accompagne naturellement le chiot dans ses apprentissages, il reste tout aussi essentiel pour l’adulte et le senior, en contribuant à maintenir leurs capacités physiques et mentales. En intégrant le jeu dans la vie quotidienne, l’humain répond non seulement aux besoins fondamentaux de son compagnon, mais participe aussi à son bien-être global.