Mon chien tire en laisse… on ne peut plus le sortir. Voilà ce que l’on entend souvent. Si le mieux est d’arriver à le promener sans laisse, cette dernière devient obligatoire dans certains lieux ou avec certains chiens. Il faut donc apprendre à en faire un outil efficace, un dispositif permettant une bonne intégration du chien dans la vie urbaine.
Chez le chiot : rendre la laisse pertinente et non dangereuse
Le chiot ne connaît pas la laisse en arrivant dans sa famille d’adoption. Cet objet ne représente, à priori, rien d’agréable. Il est perçu comme un outil de privation de liberté si l’on se contente de lui accrocher au collier et de l’emmener, ainsi, sans préparation. La pire erreur consiste ensuite à le tracter de force. Le chiot prend peur et commence à détester ce dispositif. Il peut ensuite généraliser sa peur à la rue ou à toute promenade en laisse à l’extérieur.
Avant de lui accrocher la laisse, il convient de l’habituer à porter le collier, en lui laissant autour du cou, plusieurs heures par jour, avec des caresses et des jeux. Ensuite le plus facile est d’accrocher une fine longe que le chiot porte en permanence. Il s’habitue à jouer et à se promener dans la maison ou le jardin avec cette longe. Personne ne tire dessus et le chiot se sent libre même si l’on peut mettre le pied dessus au cas il viendrait à s’éloigner trop. Dès que le chiot n’y fait plus attention, on prend alors la longe dans la main, on appelle le chiot et on l’emmène se promener en captant son attention par la parole, des friandises et des caresses. Ainsi le chiot ne s’éloigne pas et la longe n’est pas tendue. Le jeune chien ne la perçoit pas comme un instrument répressif. La laisse-enrouleur ne peut, en aucun cas, jouer ce rôle même si elle se rallonge à la demande, car elle reste tendue. Enfin dès que le chien grandit et se familiarise avec le milieu urbain, la rue et ses bruits, on raccourcit la longe et on peut l’échanger contre une laisse plus courte. La laisse est alors associée à la promenade, au jeu, aux sorties et aux explorations extérieures.
Chez le chien : la marche au pied s’apprend en douceur
Si la longe permet au jeune chien de sortir sans presque aucune contrainte, la marche en laisse, en revanche, demande une certaine tolérance à la frustration.
La marche en laisse peut s’apprendre à tout moment de la vie du chien. Elle nécessite seulement de la rigueur et de la patience. Il faut répéter l’exercice tous les jours, plusieurs fois par jour. La meilleure méthode est celle qui privilégie la récompense.
Une fois le chien bien habitué à tous les milieux, et dénué de toute peur, il est possible de commencer les exercices en imprimant une certaine contrainte, la laisse, qui ne doit pas représenter une punition.
Pour éviter la frustration de ne pas pouvoir aller explorer loin devant, il est préférable de démarrer les premiers exercices dans le salon, le garage ou le jardin. Eviter toute autre stimulation améliore la concentration du chien sur la tâche. Si le chien est de tempérament très actif, le fatiguer avant de commencer l’exercice est aussi une bonne méthode pour diminuer les échecs en début de conditionnement.
On ne démarre que si le chien est calme. Sinon le plus simple est de l’ignorer jusqu’au retour au calme. La friandise récompense le retour au calme. On peut utiliser aussi un clicker avant de donner la récompense. On démarre en douceur en prenant la laisse d’une main et en montrant une friandise au chien de l’autre main, devant son museau. Le chien avance en mettant le nez vers la friandise. On lui parle et on lui donne des portions de friandises tant que le chien marche lentement. S’il tire ou s’élance, on éloigne la main qui détient les friandises. S’il se comporte bien, on le félicite avec des paroles, comme « doucement » ou « c’est bien ». Si le chien s’emballe, il est alors simple de se stopper sans traction punitive.
Il est déconseillé de pratiquer des saccades de la laisse qui énervent le chien, ce qui transforme la promenade en moment désagréable. L’emballement doit juste apprendre au chien que cela stoppe la promenade et tout ce qu’elle a d’agréable, et que marcher doucement lui permet d’explorer et flairer. La marche lente est alors la stratégie gagnante. Tant que l’on maintient la concentration du chien sur le maître, le chien mémorise l’exercice et progresse. Ensuite, on distribue les caresses et friandises de façon aléatoire tout en prononçant les mots magiques habituels comme « doucement » ou « c’est bien », afin de garder l’attention du chien et le maintenir dans l’exercice. On note la progression du chien dans l’attention qu’il porte au maître et dans l’empressement qu’il montre à bien faire.
Les exercices sont répétés dans des lieux connus du chien puis s’engagent très progressivement dans des lieux à découvrir. Dès que l’exercice se complique, on intensifie les mots doux et les friandises afin de ne pas perdre la concentration du chien.
La réussite réside dans la rigueur, la constance dans la communication, la répétition intensive de l’exercice, et la patience devant des progrès que l’on juge parfois trop lents. Il ne faut rien faire d’autre pendant ces phases d’apprentissage, en particulier il est proscrit de vouloir faire du lèche-vitrine en même temps !
Le matériel est varié et doit se montrer fonctionnel
Le bon matériel consiste en un collier plat, simple et solide, cuir ou synthétique, ou un harnais confortable, une laisse non métallique (silencieuse et légère) en cuir ou synthétique d’environ un mètre de long. Les colliers étrangleurs métalliques ne sont pas utiles pour empêcher le chien de tirer. Ils envoient des signaux coercitifs et douloureux qui génèrent du stress. Le matériel aura été présenté au chien en y associant caresses et friandises. Parfois, la mise en place du collier et du harnais demande un vrai travail d’habituation progressive, en particulier avec des chiens craintifs. Il faut absolument abolir toute forme de peur pour entamer un conditionnement positif. On demande au chien de s’asseoir, puis on enfile le collier ou le harnais dans le calme. Les gestes doivent être empreints de douceur et associés à des contacts tactiles appréciés.
Le harnais est utilisable à condition qu’il ne constitue pas un accessoire favorable à la traction, c’est à dire l’inverse de l’objectif recherché. Certains harnais prévoient d’attacher la laisse sur le devant du poitrail. Ce type d’attache devant le chien diminue l’incitation à tirer, car lorsqu’il tire, il se retrouve à faire une légère volte-face qui le positionne en sens inverse de la marche, face au maître, ce qui supprime tout renforcement à tirer pour aller de l’avant.
Les laisses-enrouleurs sont peu efficaces car elles permettent au chien de régler la longueur tout en maintenant une traction permanente. Elles sont envisageables dans les cas particuliers de personnes âgées à mobilité réduite avec un petit chien qui peut ainsi marcher à son rythme sans risque de renverser son maître.
Le sac de friandises est un accessoire indispensable de la séance, éventuellement accompagné du clicker pour ceux qui ont l’habitude de s’en servir. Enfin, le meilleur auxiliaire de l’apprentissage reste le maître qui doit se montrer un coach compétent en communication afin de permettre à l’exercice de remplir sa mission d’intégration du chien en ville.
Bravo pour cet article très intéressant sur l’apprentissage de la laisse. 🐾 Corinne ECCF
Merci pour ces bons conseils et ce que j’apprécie particulièrement c’est qu’ils sont pour les chiots en apprentissage mais aussi pour chiens adultes en ré-apprentissage ou ré-éducation.
Toujours avec ces notions de « patience », « calme » et « jeux », si importantes !
bonjour,
merci pour cet article très intéressant (de même que le reste du site).
Je me permets toutefois de relever une petite confusion : la marche en laisse et la marche au pied sont 2 choses différentes. Dans votre intertitre vous mentionnez la marche au pied, alors que l’objet de votre article est la marche en laisse…
Vous avez raison. C’était juste pour éviter une redite! et cela est plutôt maladroit. Il s’agit bien uniquement de marche en laisse.